Eyasu Yakob est en troisième année d’études en sciences infirmières, et président de l’Association des étudiant(e)s infirmier(ère)s du Canada. Son programme d’éducation comprend une expérience pratique de travail dans le cadre de stages dans différents milieux, y compris les soins de longue durée et les hôpitaux.

Eyasu a commencé sa formation pendant la pandémie, motivé par le besoin d’un plus grand nombre d’infirmières et d’infirmiers au pays, et par l’occasion de faire une différence dans sa collectivité. Comme étudiant, Eyasu est déjà familier aux pressions subies par le personnel infirmier au cœur des graves pénuries de personnel, et il s’inquiète car il ne sait pas ce que lui réserve son avenir au sein de la profession infirmière.

« Est-ce que je vais pouvoir travailler jusqu’à 65 ans et avoir une bonne carrière, ou est-ce que je vais me retrouver rapidement en burn-out et, poussé par la peur, devrais-je choisir quelque chose de différent que de travailler au chevet des patients, ou devrais-je même changer de carrière? », souligne-t-il. « Parce que j’entends plusieurs jeunes qui le font, c’est très angoissant, et cela crée de l’incertitude. »

Il dit que maintenir en poste le personnel infirmier déjà au sein de la profession aiderait à régler un des plus gros problèmes des étudiants en sciences infirmières, notamment le manque de mentorat solide et de soutien.

« Plusieurs se plaignent et disent qu’il y a un manque de personnel infirmier expérimenté au sein de leur unité, et cela les force à assumer des postes de leadership à une étape très précoce de leur carrière, et cela les rend mal à l’aise. Si on déploie davantage d’efforts pour assurer que les infirmières à la mi-carrière ou en fin de carrière demeurent au sein de la profession, vous pourrez recruter un nombre adéquat d’étudiants et d’étudiantes pour la prochaine génération. Si vous n’accordez pas d’importance au maintien en poste, vous ne serez pas en mesure de recruter la prochaine génération d’infirmières. »

Pour régler la pénurie, Eyasu dit que les gouvernements doivent investir dans les étudiants en sciences infirmières et rendre la formation plus accessible. Il souligne les attentes énormes, notamment le fait que les étudiantes et les étudiants doivent travailler 30 à 40 heures par semaines pendant leurs stages cliniques, sans pour autant délaisser leurs travaux scolaires, leurs responsabilités familiales, et leur travail à temps partiel pour payer les factures.

« Cela devient insoutenable, et les personnes ne peuvent poursuivre leurs études, particulièrement ceux et celles qui essaient d’entrer alors qu’ils sont peut-être dans la vingtaine ou au milieu de leur carrière », précise-t-il.

Eyasu espère que les gouvernements vont collaborer pour élaborer un plan unifié pour maintenir en poste la main-d’œuvre infirmière et aider les étudiantes et les étudiants qui ont décidé de s’occuper de la santé de leur pays.